Toujours à la recherche d’un nouvel ultra à découvrir, Niandi Carmont nous présente le trail de Minrorque : Cami de Cavalls. Voici son compte rendu de course.
Si je vous dis la mayonnaise à quoi pensez-vous ? Eh bien non pas aux frites ni aux œufs mayonnaise ! La réponse est simple. Historiquement la mayonnaise a suscité longtemps une certaine polémique. Aucun historien n’a réussi à effectuer un tracé exact de la naissance de cette sauce. L’origine la plus couramment racontée est la ville de Mahon, capitale de Minorque, dans les Baléares (Espagne). Cette émulsion concoctée à base d’œuf et d’huile aurait fait un succès lors d’un grand banquet organisé par le duc de Richelieu en 1756. On baptisa alors ce délicieux mélange « mayonnaise » !
A part cela, l’ile est également connue pour sa production locale de gin et de sandales fabriquées de façon artisanale et de très bonne qualité – une production qui existe depuis des siècles. Et avant que je n’oublie, ils fabriquent également de délicieux fromages dont le Mao qui accompagnent parfaitement bien les vins espagnols !
Mais où se trouve ce petit bijou, ce petit paradis des Baléares? En fait cette île est située au nord-est de Majorque. Son nom provient du fait qu’elle plus petite que l’île de Majorque. C’est tout petit – le tour ne fait que 186km mais à pied c’est long, croyez-moi et ceux qui ont terminé le Trail Minorque Cami de Cavalls vous le diront…
En fait le Trail Minorque comprend plusieurs distances :
| TMCdC | Trail Menorca Cami de Cavalls CdC | 185km | D+2863m |
| TMCN | Trail Menorca Costa Nord | 100km | D+1796m |
| TMCS | Trail Menorca Costa Sud | 85km | D+1067m |
| TCN | Trekking Costa Nord | 32km | D+350m |
| TCS | Trekking Costa Sud | 55KM | D+529m |
Les 185km, 85km et 55km se terminent à Ciutadella à l’ouest de l’île et les 100km et 32km se terminent à l’est de l’ile au départ du 85km.
Côté logistique les coureurs sont transportés par navettes de l’arrivée de la course au départ et à chaque ravito ou point de contrôle il y a des navettes pour les abandons ou ceux qui sont éliminés du fait de la barrière horaire. Les courses sont soi-disant en semi autosuffisance mais il y a à mon avis assez de ravitaillements peu espacés et bien fournis pour ne pas s’embêter à emmener des gels et barres énergétiques. Effectivement on trouve de l’eau, du Coca Cola, boissons énergétiques, boissons isotoniques, jus de fruits, pain, Nutella, fruits frais, fruits secs, noisettes, amandes, jambon ibérique, fromage local ……de quoi nourrir son homme ! Par contre il y a un équipement obligatoire – au minimum 1L d’eau pour le TMCdC, TMCN et TMCS et 500ml pour le TCN et TCS. Il faut une couverture de survie, un sifflet, une lampe frontale, un téléphone mobile et un coupe-vent – pas grand-chose quoi !
Moi j’ai décidé de faire les 85km. Je venais de faire le Marathon des Sables au mois d’avril et je n’avais pas entièrement récupéré. En plus j’avais envie de découvrir un peu l’île et la distance s’y prêtait parfaitement bien.
Je suis arrivée à Ciutadella, l’arrivée de la course, le jeudi et le départ des 85km n’était que le samedi. Les 185km et 100km prennaient le départ le vendredi. Ceci m’a permis de faire un peu de tourisme et de me balader dans la vieille ville de Ciutadella. C’était également l’occasion de chercher tranquillement mon dossard, ma puce et d’assister au briefing des 185km suivi par un cocktail devant la mairie avec des élus locaux qui sponsorisaient et faisaient la promotion de l’événement. Après quelques verres de vin espagnol fort bon et recommandé, des tapas gouteux et des discours en espagnol où je ne comprenais strictement rien, sur le toit de la mairie qui surplombait le petit vieux port, je me suis couchée pour mieux profiter du lendemain, journée de tourisme et de farniente.
Le vendredi je me suis baladée avec la première féminine du MDS 2015 Elisabet Barnes et on a mangé des calamars fraîchement pêchés et grillés accompagnés d’un petit vin rosé espagnol sur une petite terrasse près de la place principale. Une petite promenade digestive sur les pavés du vieux port histoire de se dégourdir les jambes et on rentre pour ne pas se coucher trop tard puisqu’on doit se lever à 5h00 pour prendre la navette à 6h00 qui nous déposera au départ de la course 85km à l’ouest de l’île dans la petite ville côtière de Es Castell.Le lendemain le réveil sonne un peu trop tôt à mon goût et j’avale mon porridge avant de me rendre à l’arrêt de la navette. Je ne suis pas seule – Elisabet me rejoint et on monte dans la navette avec tout un groupe d’espagnols excités – ça gesticule et ça parle fort à 6.00 du matin et puis il commence à pleuvoir des cordes ! Minorque connaît 300 jours de soleil par an et mine de rien on tombe sur un des 65 jours de pluie…….
La pluie s’arrête et à 8.00 pétantes on prend le départ à Es Castell. Je suis impressionnée par la beauté du parcours. On m’avait prévenu que la côte sud était moins spectaculaire que la côte nord qui se veut beaucoup plus technique et accessible par la route. Mais je n’ai pas été déçue – loin de là ! La côte est rocailleuse mais il y a également de jolies plages de sable fin, les eaux sont turquoises et féeriques comme sur les cartes postales. On traverse des champs verts avec des fleurs sauvages, nombreux sont les petites ruines qu’on appelle des taulas et les pierres mégalithiques. On n’a guère le temps de s’ennuyer tellement le paysage et le relief changent, tantôt mer, tantôt champs et même un peu de route à travers les petits villages côtiers – un vrai régal pour les sens et les yeux. Le chemin file entre les forêts de pin, les sentiers du littoral semés de rocaille – elle est belle cette petite île et puissante dans ces chemins splendides et rugueux.
En plus le balisage est parfait – il faut vraiment se donner du mal pour se perdre. Le Cami de Cavalls est un sentier balisé et ancestral qui fait tout le tour de l’île. Il fait partie sous la désignation GR223 du réseau espagnol de sentiers de grande randonnée. Les passages en ville et milieu urbain sont balisés par l’organisation par du ruban rouge et blanc. On peut également télécharger les points GPS sur le site officiel. Il y a 7 ravitos sur les 85km et l’accueil à chaque fois est impressionnant et fait chaud au cœur – je n’ai jamais eu l’impression de n’être qu’un numéro figurant sur un dossard – applaudissements et encouragements à chaque passage et des volontaires pour proposer toutes sortes de bonnes choses à déguster – délicieux le jambon ibérique et le Mao, ce fromage local qui passent très bien quand on puise dans ses réserves …….
On rencontre la seule partie technique du TMCS dans les derniers kilomètres de la course et malheureusement le redoutable vent du nord de face– dur dur de courir sur des jambes fatiguées et de garder l’équilibre sur le chemin rocailleux longeant la côte et on pousse un soupir de soulagement quand on peut allonger la foulée un peu rasante avec la fatigue accumulée sur les derniers kilomètres en ville et on voit l’arrivée au tournant avec une foule acclamant les coureurs et une paella géante avec bières offertes par l’organisation. L’ultime récompense ? Le souvenir de cette course magnifique concrétisée par la jolie médaille à l’arrivée où est inscrit “Vivez la Légende de Cami Cavalls” – je l’ai vécue c’est sûr ! A l’année prochaine en 2016 c’est promis !
CLASSEMENT 2015
TMCdC
Javier Castillo (M) 20:43:41
Aydee Rayda Soto (F) 28:12:19
TMCN
Casey Morgan (M) 8:57:18
Sasha Roig (F) 12:43:18
TMCS
Pau Garriga (M) 8:04:53
Elisabet Barnes (F) 9:02:30
TCS
Miguel Pons (M) 4:54:21
Montserrat Penarroya (F) 6:26:12
TCN
Biel Martinez (M) 2:29:19
Emma Roca (F) 2:45:45